
Sorti en 2014 sur Wii U, Mario Kart 8 nous accompagne depuis plus de dix ans désormais.Si le Pass de circuit sur Switch a largement permis de patienter en ajoutant de nombreux circuits, il n’en reste pas moins que la série avait besoin d’un vrai renouveau. Et c’est exactement ce que propose Mario Kart World pour le meilleur comme pour le pire. Ce nouvel opus se vit comme un véritable road trip : on est sans cesse en mouvement, jamais au même endroit bien longtemps. C’est un cocktail de chaos, de fun… et parfois de frustration.
TEST de Mario Kart World
Nous remercions Nintendo France pour l’envoi du jeu 🙂
Un road trip aux quatre coins du monde
La principale nouveauté de Mario Kart World par rapport aux opus précédents, c’est que tous les circuits sont désormais réunis au sein d’un même monde ouvert, fluide et sans transition. Vous pouvez ainsi passer directement d’un circuit à un autre sans aucun écran de chargement. Certes, des jeux comme Forza Horizon ont déjà proposé ce concept de monde ouvert, mais aucun n’avait encore intégré des circuits spécialement conçus à la façon Mario Kart, avec leurs sections aériennes en deltaplane et leurs passages sur l’eau.
Le jeu exploite ce monde ouvert à travers trois modes principaux : l’exploration libre, le Grand Prix et le Knockout Tour. Quant au mode Combat, il se déroule également dans ce monde ouvert, mais uniquement dans des zones spécifiques pensées pour ce type d’affrontements.
Le Grand Prix reste fidèle à la formule classique de la série : quatre courses à enchaîner dans une coupe, en visant la première place à chaque fois. Plus votre classement est élevé, plus vous marquez de points pour le score final.
Le mode Monde, en revanche, apporte une approche différente. Ici, vous ne faites presque jamais trois tours complets sur un même circuit. Les deux premiers « tours » servent en réalité à vous déplacer depuis le circuit précédent jusqu’à votre nouvelle destination, avant de boucler un seul tour complet sur ce dernier pour terminer.
Personnellement, en tant que joueur qui aime maîtriser chaque circuit et peaufiner mes trajectoires malgré la pluie d’objets, j’ai trouvé ce changement assez frustrant.
Certes, ce mode est censé mettre chaque tracé en valeur, mais au final, il donne plutôt l’impression d’être une version étrangement segmentée du mode suivant, la Survie
Le Survie propose une approche différente : au lieu de simplement parcourir les circuits, vous sélectionnez une coupe composée de quatre circuits ou plus, mais cette fois, la course se déroule d’un point à un autre sur l’ensemble de la carte. À la fin de chaque segment, vous atteignez un point de contrôle numéroté, et les joueurs classés en dessous de la limite fixée sont éliminés.
Les autres continuent immédiatement la course, sans interruption, dans ce qui devient une gigantesque épreuve d’endurance, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que quatre des vingt-quatre participants.
Ce mode accorde certes moins d’importance aux circuits eux-mêmes que le Grand Prix, mais il exploite bien mieux le monde ouvert. En pratique, il s’apparente presque à un rallye.
C’est un test amusant d’endurance et de stratégie, où la recherche de raccourcis est primordiale : parfois, il suffit d’emprunter un petit sentier accidenté et d’utiliser un champignon pour passer de la dernière à la première place en un clin d’œil.
Quel que soit le mode de jeu, les premières places et surtout la deuxième sont extrêmement disputées. Le passage de 12 à 24 coureurs double littéralement la quantité d’objets en circulation. Résultat : la piste est en permanence jonchée de coquilles, bananes, éclairs, plumes, pièces et champignons.
Si beaucoup d’anciens objets font leur retour, le jeu introduit également de nouveaux items intéressants, comme la plume, qui permet d’effectuer un saut instantané pour atteindre un raccourci, ou la coquille dorée, qui file à toute vitesse en laissant derrière elle une traînée de pièces. Ces objets ajoutent une dimension stratégique immédiate : faut-il garder une coquille pour se protéger d’une attaque ou la lancer pour tenter de rattraper celui qui vous devance ?
Cependant, le principal problème réside dans la surabondance d’objets. Il y en a littéralement partout, tout le temps. De plus, le temps de récupération après avoir été touché est désormais beaucoup plus court, ce qui signifie que vous pouvez rester bloqué plusieurs secondes, le temps que tout le peloton vous dépasse sans pouvoir réagir.
Certes, se faire enchaîner par les objets est un classique de la série, mais ici, j’ai trouvé que cela arrivait bien trop souvent. Il m’est arrivé de perdre une course dans le mode Monde à cause d’un combo de carapaces bleues et d’éclairs juste avant la ligne d’arrivée, ce qui devient rapidement frustrant.
Bien sûr, le chaos fait partie de l’identité de Mario Kart, et contribue à son fun immédiat. Mais ici, cela frôle parfois l’absurde, surtout en 150 CC, au point que l’on se demande si les compétences de pilotage ont encore leur place face à un tel déluge d’objets.
Le 150 CC reste la difficulté la plus élevée disponible, hormis le mode Miroir déblocable (bonne chance pour obtenir l’or sur chaque course en 150 CC afin de l’activer).
Cependant, le 100 CC, la difficulté inférieure, paraît presque trop facile en comparaison.
En 150 CC, il est difficile de conserver la première place à cause de la pluie d’objets, tandis qu’en 100 CC, il est si facile de prendre de l’avance que vous ne verrez probablement plus aucun autre pilote jusqu’à la ligne d’arrivée.
Il manque clairement un juste milieu entre ces deux niveaux, ou à défaut, un rééquilibrage du 150 CC pour le rendre moins punitif et plus agréable à jouer. Dans l’état actuel, le jeu n’atteint jamais vraiment l’équilibre idéal en termes de difficulté.
Ce constat vaut également pour le mode Libre. Celui-ci n’a pas de véritable objectif, si ce n’est collecter des Pièces? récupérer des costumes via la nourriture, toucher les panneaux « ? » cachés dans chaque circuit et relever les défis P Switch disséminés un peu partout.
Ces défis rappellent le mode Mission de Mario Kart DS : ils proposent de courtes épreuves comme ramasser toutes les pièces bleues, franchir une série d’anneaux dans un temps limité ou encore traverser un troupeau de vaches agitées.
Sur le papier, c’est une bonne idée, mais dans la pratique, ils sont soit d’une facilité déconcertante, réalisables sans effort, soit d’une difficulté extrême, à tel point qu’on se demande comment un enfant, public pourtant ciblé, pourrait les réussir. Résultat, au lieu d’y trouver un challenge amusant, on se retrouve face à un obstacle frustrant, qui enlève tout plaisir au mode Libre.
Je pense que c’est à la fois la plus grande force et la principale faiblesse de Mario Kart World : on ne reste jamais assez longtemps sur une activité pour s’en lasser, ce qui donne au jeu un sentiment de grandeur, mais sans véritable profondeur. Cette impression se retrouve jusque dans les menus de sélection des personnages et des karts, qui paraissent lourds et désorganisés, chaque personnage et chaque costume ayant son propre emplacement distinct.
C’est fantastique de pouvoir se déplacer librement dans ce monde, mais à un rythme aussi soutenu, il devient difficile de prendre un moment pour simplement apprécier l’environnement.
Quand j’arrive à faire une pause et à profiter pleinement de l’expérience, c’est grâce au mode Photo. Celui-ci met l’action en pause et permet de préparer sa prise de vue en contrôlant la pose et l’expression de son personnage, ainsi que l’angle et le zoom de la caméra.
Les autres joueurs peuvent également poser ; leurs mouvements et poses dans leur propre mode Photo apparaissent dans le vôtre, ce qui donne des photos de groupe dynamiques et originales.
Tout cela contribue à renforcer l’ambiance « road trip » du jeu, qui reste selon moi l’un de ses meilleurs atouts. Les moments les plus mémorables de Mario Kart World ne sont pas ceux passés à faire la course, mais ceux vécus entre amis, à simplement s’amuser.
Enfin, et je n’aborde pas souvent ce sujet, parlons du prix. Si vous n’achetez pas le jeu en bundle avec la Switch 2, Mario Kart World est vendu 90€ prix éditeur (même si certains revendeurs le proposent à 60€) Et comme les jeux Nintendo ne baissent quasiment jamais de prix, il restera probablement à ce tarif indéfiniment.
Certes, c’est un jeu généreux auquel je reviendrai certainement tout au long de la vie de la Switch 2, mais 90€ reste un prix trop élevé pour un titre qui ne m’a pas véritablement bluffé.
Et dans un contexte où il devient déjà difficile pour beaucoup de joueurs de s’offrir des jeux AAA day one voir les prix continuer à grimper risque d’en dégoûter plus d’un. Mario Kart World, malgré toutes ses qualités et ses défauts, ne justifie tout simplement pas un tel prix.
Conclusion
Mario Kart World déborde d’idées brillantes, mais leur mise en œuvre laisse parfois à désirer. Son monde ouvert, immense et parfaitement interconnecté, manque cependant d’activités réellement intéressantes, et l’on passe finalement peu de temps sur les circuits pourtant soigneusement conçus.
Les courses accueillent désormais jusqu’à 24 participants, ce qui apporte son lot de fun, mais aussi un chaos parfois illisible.
La conduite reste, elle, excellente et toujours aussi agréable, mais tout ce qui gravite autour semble parfois manquer de finition.
Points positifs
- Excellents contrôles et sensations
- Le mode survie peut être très amusant
- Des tonnes de personnages et de costumes à débloquer
- Musique fantastique
Points négatifs
- Menu de sélection de personnage et de kart terrible
- Un prix trop élévé (hors revendeurs)
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