Alone in the Dark revient en Octobre 2023 pour un nouvel opus. Pour patienter THQ Nordic nous propose une démo jouable gratuitement. On a pris notre courage à deux mains, et on a pressé play.
Alone in the Dark un survival horror créé et édité dans les années 90 par Infogrames (aujourd’hui Atari). Fortement inspiré de l’univers d’Harry Potter, Lovecraft et des films de George Romero. Le jeu est innovant et propose un gameplay totalement inédit pour l’époque qui va inspirer d’autres classiques du genre comme Resident Evil quatre années plus tard. Un nouvel opus édité par THQ Nordic et produit par le Studio Pieces Interactive sortira le 25 octobre 2023 sur PC, PS5 et Xbox séries. En attendant de frissonner pour Halloween, une démo est disponible gratuitement sur Steam, on l’a testé et on vous dit si ça vaut le coup de s’impatienter ou non.
Alone in the Dark : le survival horror révolutionnaire
En 1992, Infogrames (aujourd’hui Atari) crée Alone in the Dark. Avec son gameplay en caméra fixe, sa technologie 3D et sa capacité à s’adapter aux machines de l’époque, il bouleverse le monde du jeu vidéo. L’histoire nous plongeait dans la demeure du peintre Jeremy Hartwood retrouvé mort dans son grenier. D’après son majordome, l’homme était tourmenté et passait son temps à lire d’anciens manuscrits. La police conclut rapidement à la thèse du suicide ignorant les rumeurs de malédictions rapportées par les habitants. Mais des incohérences persistent, pour élucider le mystère, on pouvait incarner deux personnages au choix : Edward Camby, détective privé ou Emily Hartwood nièce du propriétaire. Les graphismes sont magistraux (pour les plus anciens d’entre nous), la musique et les bruitages rendent l’immersion au sein du manoir Derceto angoissante et intrigante. Bon nombre de jeunes joueurs en gardent un souvenir cauchemardesque. Et pour cause, rien n’a été laissé au hasard : difficulté, liberté de gameplay, scénario, doublage, Alone in the Dark est un bijou qui s’affirme comme le parrain du Survival Horror. Il possède un doublage qui peut paraître désuet aujourd’hui, mais dans les années 90 la plupart des jeux étaient exempts de paroles. Derrière la voix du détective Edward Carnby se cache un futur maître du doublage : Marc Alfos (voix de Maximus dans Gladiator et de Brad Bellick dans Prison Break). Anecdote intéressante, c’est le tout premier projet de l’acteur, qui connaîtra par la suite une carrière florissante autant dans le monde cinématographique que vidéoludique.
Devant l’immense succès du jeu auprès de la critique et des joueurs, le directeur d’Infogrames Bruno Bonnell pousse pour développer une suite. Mais il exige que celle-ci soit plus axée action que survival-horror. Son créateur, Frédérick Raynal, refuse et quitte l’éditeur peu avant la sortie du second volet. Atari décide de surfer sur la vague malgré le départ du prodige et donne naissance à six autres opus :
- Alone in the Dark 2 (1994)
- Alone in the Dark 3 (1995)
- Alone in the Dark : The New Nightmare (2001)
- Alone in the Dark (2008)
- Alone in the Dark illumination (2015)
Malheureusement, sans Raynal aux commandes et le changement de studio, les suites n’ont pas n’ont pas séduit le public. Particulièrement Illumination, confié aux mains du studio Pure FPS. Malgré la possibilité de jouer en coopération, vendu comme le point fort de ce volet, le succès n’est pas au rendez-vous. Et pour cause, le jeu regorge de bugs en tout genre, le principe d’énigmes combinées à la survie est remplacé par du FPS. De plus, les graphismes sont difficiles à juger tellement le rendu est sombre et les différentes classes censées apporter de la diversité au joueur ne possèdent que des compétences passives. Les joueurs s’indignent à juste titre et reprochent à l’éditeur d’avoir voulu générer du bénéfice sur l’engouement des fans de la première heure. La licence perd en notoriété au fil des années et ce volet enterre définitivement tout intérêt pour Alone in the Dark.
Atari vs Raynal : le casse-tête juridique
Frédérick Raynal était une figure majeure du jeu vidéo dans les années 90. C’est à lui qu’on doit Alone in the Dark, mais aussi le fantastique Little Big Adventure. Aujourd’hui la licence fait surtout parler d’elle à cause du procès qui oppose Raynal à Atari depuis des années. En effet, le créateur souhaite faire valoir ses droits d’auteur sur la vente des différentes suites. Après son départ, Atari ne lui a versé aucune somme compensatoire malgré les quatre rééditions. Ca n’est que très récemment que les deux parties ont enfin trouvé un accord : le plaignant abandonne tous les droits de la franchise, mais touchera un dédommagement financier d’une valeur de 350 000 euros. Il est également stipulé que si la licence est rachetée par une autre compagnie, l’auteur touchera un pourcentage sur les revenus générés par les ventes du jeu. Ironie de la chose, après des années de procédure, Atari a finalement pris la décision de se séparer d’Alone in the Dark et a cédé la franchise à THQ Nordic.
Alone in the Dark : l’opus originel fait peau neuve
L’éditeur autrichien désireux de réconcilier les fans avec la franchise lance la production d’un remake proche de l’opus original en collaboration avec le studio Pieces Interactive. Il le qualifie de « lettre d’amour à l’opus original révolutionnaire ». THQ Nordic annonce :
- Un gameplay proche de l’opus original : survival horror, énigmes, et combats.
- Un scénario écrit par Mikael Hedberg auteur de Soma et d’Amnesia
- Des créatures approuvées par du maître de l’horreur Guillermo del Toro
- La contribution d’apparence et voix d’acteurs de renom comme Jodie Comer (Villanelle dans Killing Eve) et David Harbour (Hopper dans Stranger Things)
- Surprise, l’approbation de Frédérick Raynal
Le créateur de la franchise s’est entretenu avec l’équipe et se dit « enthousiaste » en évoquant le travail du studio. Le trailer semble effectivement se rapprocher de l’atmosphère lovecraftienne chère au créateur : intimiste, angoissante, et pesante. Reste à savoir si le résultat tiendra ses promesses et si ce reboot pourra faire renaître Alone in the Dark de ses cendres. S’il faudra patienter jusqu’en octobre pour le résultat définitif, une démo est disponible depuis peu sur PC et consoles. On y incarne une jeune enfant du nom de Grace, et non un des deux personnages principaux pour éviter tout spoil. On l’a testé, et on vous dit tout
Grace aux commandes : une expérience immersive, mais passive
Dès le menu, une musique style dark jazz résonne aux oreilles du joueur. Le jeu s’ouvre sur cinématique qui nous emmène directement dans une chambre d’enfants des années 20. On rencontre notre personnage Grace qui peint un masque d’Halloween. Concentrée sur sa tâche, elle est interrompue par des sons mystérieux qui viennent d’une pièce adjacente. Plus agacée qu’effrayée, elle se relève et arpente le manoir pour comprendre l’origine de ces bruits étranges. Le joueur prend alors le contrôle, à peine arrivé dans un couloir exigu qui donne au joueur une sensation de suffocation, la porte d’entrée se ferme brutalement. Après avoir ramassé une clé qui traîne sur la commode, la fillette passe une porte pour arriver dans une nouvelle pièce, qui enclenche une deuxième cinématique. La jeune fille tombe sur un certain Jérémy (le peintre du premier opus pour ceux qui suivent). L’homme est très agité et explique qu’il doit poster une lettre en urgence à sa nièce. Grace lui suggère de demander de l’aide au majordome, ce à quoi il répond non parce qu’il pourrait être « l’un d’entre eux ». Puis il enchaîne en lui demandant fébrilement si elle est aussi « avec eux ». Malgré son angoisse, il se rassure, l’enfant est trop « innocente » pour représenter un danger. Grâce écrit l’adresse sur l’enveloppe et annonce qu’elle va la la poster elle-même.
Une seconde plus tard, elle réalise que Jérémy a disparu en une fraction de seconde et repart comme si de rien n’était. Elle entre dans une pièce emplie de statues disposées géométriquement. Pensant à une énigme, je tente d’interagir avec le décor sans succès. Elle continue sa route quand l’ambiance change soudainement. Le living chaleureux se transforme en jungle nocturne en une fraction de seconde. Le parquet en bas de l’escalier est remplacé par un marécage grouillant d’alligators qui l’empêche de passer. Après avoir fait un pont avec un ours empaillé, elle atteint le bureau de poste du manoir. Ses pas résonnent dans la pièce partiellement éclairée, alors qu’elle appelle le majordome, des grondements sonores proviennent de l’obscurité. Une créature sort soudainement de l’ombre, et dans un cri strident engloutit Grâce et laisse le joueur sur un écran noir. Quelques secondes plus tard, une voiture passe le portail du Manoir Decerto. En sortent le détective Edward Camby et Emily Hartwood, tous deux prêts à résoudre les secrets que renferme cette demeure.
Ma première réaction est que cet avant-goût est vraiment court, environ 15 minutes en tout, cinématiques comprises. En se basant uniquement sur ça, le jeu semble avoir un axe plus contemplatif que basé sur l’action. Aucun puzzle d’aucune sorte ou de combat dans cet échantillon, contrairement à ce qu’annonçait le trailer. Les seules actions possibles sont :
- Interagir avec l’environnement
- Se déplacer
- Examiner
- Contrôler la caméra
Bien qu’il soit facile à prendre en main avec un binding intuitif, on attendait un peu plus niveau gameplay. Grosse déception étant donné que le succès du premier opus étant basé sur la combinaison d’énigmes, de combat et de l’univers horrifique. Les seules interactions réelles que le joueur a pu vivre c’est de saisir deux clés, posées en évidence sur le chemin du joueur. Niveau visuel les animations sont fluides, si les graphismes ne sont pas mauvais, ils sont loin d’être représentatifs de ce que la technologie graphique peut proposer en 2023. En revanche, on sent un réel investissement concernant les détails : le papier peint jaune à motifs, les lampes d’époques, les tableaux emmènent directement le joueur dans les années 20. Cette immersion est accentuée par les bruitages et la musique Doom Jazz de Jason Koehnen qui nous livre des mélodies singulières et obsédantes. Les jumpscares sont inattendus et ne manqueront pas de surprendre les joueurs les plus aguerris. Au final, le résultat ressemble plus à un film interactif qu’à un survival horror. Si cette démo nous plonge efficacement dans le début d’un conte horrifique, il faudra apporter plus de possibilité et de diversité aux joueurs pour leur éviter de s’ennuyer et rendre sa superbe à cette franchise autrefois légendaire.