Star Wars Jedi Survivor – TEST PS5 : Un jeu de plateforme pas à la hauteur de ses héros

Star Wars Jedi Survivor - TEST PS5 : Un jeu de plateforme pas à la hauteur de ses héros
Dans Star Wars Jedi Survivor, Cal Kestis laisse son poncho pour une barbe somptueuse et un titre de chevalier Jedi dans une Galaxie en pleine purge. Alors que penser de cette suite directe du premier opus Fallen Order ? 

Tout d'abord, un peu de contexte

Star Wars Jedi Survivor - Nouveau trailer de gameplay : Coruscant fera partie du monde ouvert

Les premières minutes seront allouées au récapitulatif du premier jeu au travers d’une cinématique moteur particulièrement bien mise en scène. Elle va clairement vous gonfler à bloc pour commencer cette nouvelle aventure de Cal.

Une ellipse de quelques années sépare les deux épisodes et nos compagnons autrefois soudés se sont éparpillés à travers la galaxie, poursuivant leurs propres objectifs. Nous retrouvons alors Cal capturé par des mercenaires et mené à un sénateur impérial sur Coruscant. Cette séquence d’ouverture lente et contemplative sur le temple Jedi sous bannières impériales est particulièrement galvanisante et de bon ton. Les premières heures de jeu se dérouleront sur Coruscant, plus précisément dans l’un de ses niveaux inférieurs. Tout ne se passera pas comme prévu et cela mettra en place le dilemme moral de notre héros, à savoir : faut-il abandonner la lutte et trouver un foyer et se reconstruire loin de l’empire ou s’acharner dans une cause paraissant perdue d’avance ?

C’est cette question qui va servir de trame de fond au jeu. Bien que sur le papier cela semble être une amorce profonde et prometteuse, son exécution in-game va plonger cet opus vers des partis pris plus que discutables.

Rentrons dans le vif du sujet

Avant de continuer vers l’analyse du scénario, il est important de répondre à quelques questions simples que les joueurs pourraient se poser.

  • Côté durée de vie, l’histoire se termine en une douzaine d’heures, pas plus.
  • Non, il n’y a pas plusieurs planètes en « open world » seulement superficiellement Koboh sur laquelle nous reviendrons plus tard.
  • À l’heure où ce test sort, le jeu souffre de nombreux soucis techniques tel que :
    • Des artéfacts visuels et lumineux
    • Un chargement différé des éléments et textures
    • Des chutes de performances et framerate
  • Un new game plus est disponible et propose les deux éléments cosmétiques les plus intéressants.

Maintenant que ces points sont éclairés, nous pouvons revenir à notre héros. Suite aux déboires de Coruscant, le Mantis est inapte à la navigation, Cal fait face à une crise intérieure en proie à des désirs de vengeance. Mais l’arrivée sur la planète Koboh et les retrouvailles avec son ancien compagnon Greez, seule personne de confiance apte à réparer le vaisseau, vont amorcer ce qui pour moi est la faiblesse de ce jeu côté scénario : La conquête de Talanorr.

La conquête de Talanorr va représenter concrètement les trois quarts de l’intrigue et va s’apparenter à une énorme quête annexe FedEx. Elle sera la toile de fond fade de l’aventure de notre héros, la justification de la réunification de l’ancienne équipe du Mantis et enfin un prétexte plutôt malin à l’introduction de la nouvelle temporalité de l’univers Star Wars à savoir : La Haute République (≈ -300 av. La menace fantôme). 

Pour faire simple, Cal va libérer un ancien Jedi (devenu Jedi Noir) de cette période et va apprendre à travers lui l’existence d’une planète, spéciale de par le fait qu’elle est inaccessible à l’empire (et à tout le monde). Cela en fait un refuge potentiel pour les victimes persécutées par l’empire et un objectif crucial pour notre équipe qui pense désormais apparemment plus à se poser qu’à lutter contre l’empire. Mais pour cela, il faut naviguer à travers une nébuleuse mortelle sans compas.

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Et c’est là que le scénario à mon sens se perd dans un illogisme et s’éloigne du thème principal qui suit notre héros depuis le premier opus : l’Inquisition et Vador.

Talanorr n’est qu’une planète et absolument pas une solution viable pour soulager la galaxie. Vu les trillions d’êtres qui souffrent du joug impérial, cela m’étonnerait qu’ils tiennent tous sur une planète déserte. Mais bon, Cal doit aussi réparer sa bêtise d’avoir libéré une menace ancienne : le Jedi Noir Dagan Gera. Cet antagoniste est intéressant (anecdote : il est doublé en VF par la même voix que le sénateur Organa), il va éclairer Cal sur les dangers de l’obsession pour un Jedi. Cette obsession pour une cause pouvant conduire à la défiance et au côté obscur. C’est ce constat qui va amorcer la prise de décision de Cal de s’emparer des compas nécessaires pour accéder à Talanorr et se retirer en paix avec les opprimés de la galaxie. 

Le problème avec ce parti pris est qu’il induit que l’obsession à combattre l’oppression n’est pas un projet de vie valable. C’est une chose qui trahit grandement l’esprit de la période de l’Inquisition ou même plus tard de la rébellion. Heureusement que des héros, Jedi ou non, se sont obstinés à lutter à leur échelle pour ensuite se structurer et défaire l’empire en tant que Rébellion. Je fais référence à l’équipage du Ghost, à Ashoka, à Obi Wan qui veilla sur Luke, aux Organa, à Andor et aux cellules rebelles… 

Et il faudra sacrifier une dizaine d’heures de jeu avant que Cal ne soit ramené de force dans la réalité de cette époque. En effet, un énorme plot twist recentre l’intrigue sur la purge et donne au scénario un peu de grandeur à coup de fan service (répétitif, mais qui marche à fond).

Cette envolée sera de courte durée et retombera comme un bon soufflé et amorcera le dernier arc de l’histoire plus intimiste. On ne va pas s’étaler sur la fin, mais étant plutôt ouverte, une suite doit être probablement dans les tuyaux.

Pour résumer cette partie, le scénario s’égare, voire fuit la réalité d’un monde en lutte, pour se concentrer sur une quête annexe faussement importante, mais ayant le mérite de faire grandir Cal sur la voie de la résilience.

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Terminons sur des notes positives. Il y a bien une chose dans laquelle Jedi Survivor excelle, c’est l’écriture de ses personnages secondaires « principaux ». En gros, les personnages qui vous serviront de compagnons dans votre aventure. Tous sont intéressants, ont des dialogues pertinents, émouvants et qui servent le récit. Que ce soit en faisant progresser Cal, ou en faisant basculer le scénario, vous vous attacherez aux interactions nombreuses entre les protagonistes. C’est une vraie prouesse d’écriture d’avoir réussi à former cette équipe qui fonctionne si bien. 

Également, comment ne pas s’attarder sur Cal, vous avez l’obligation de lui apposer la barbe pour un rendu plus badass que jamais. Il est sûr de lui, c’est un meneur et un véritable héros… non… un véritable Jedi. Et bien sûr, il y a son fidèle ami BD-1, toujours utile et adorable, mais malheureusement moins sur le devant de la scène. Leur relation semble avoir atteint leur maximum selon les scénaristes et l’aspect attachant de la construction de leur lien dans le premier opus ne sera qu’un agréable souvenir. Pour autant, c’est un des meilleurs droïdes créés et il a pour lui d’être le lien du jeu avec le Mando-verse (on aperçoit BD-1 dans la saison 2 de The Mandalorian).  

Passons au gameplay

Star Wars Jedi Survivor - TEST PS5 : Un jeu de plateforme pas à la hauteur de ses héros

La première chose que j’ai envie de vous partager sur le gameplay de Jedi Survivor est qu’il ne contentera pas tout le monde pour une raison simple : c’est plus un jeu de plateforme qu’un jeu de combat.

Au cours de votre aventure, vous constaterez que le level design est quasi exclusivement centré sur du parcours propre aux développeurs de TitanFall au détriment de vrais affrontements au sabre laser. Qu’on se le dise, vous mangerez des phases de jump jusqu’à l’overdose. Pour autant, le gameplay est réussi et les sensations sont au rendez-vous. L’ajout du démembrement est un plus et les impacts aux sabres jouissent d’un sound design aux petits oignons (Mention spéciale au fait que chaque couleur de sabre est accompagnée d’un son différent).

Malgré des sensations globalement maitrisées, Jedi Survivor peine à gagner notre intérêt et déclenche même de la frustration, d’une part à cause de la rareté des phases de combats comparée à l’usage abusif de l’escalade et du parkour, d’autre part à cause d’une multitude de décisions de game design peu avisées notamment avec l’aspect illisible des chemins praticables ou impraticables. 

Le défaut majeur du jeu réside dans la futilité totale de l’exploration ne débloquant que des cosmétiques absolument pas à la hauteur de l’effort. Pire, si vous avez précommandé, vous obtiendrez la meilleure tenue dès le début, suite à quoi vous n’aurez qu’à rapidement trouver la barbe et votre Cal sera au sommet visuellement parlant. Il n’y a presque aucun intérêt à explorer. Vous ne trouverez ni cristaux kyber ni compétences, pouvoirs ou stuff enrichissant le gameplay. L’ensemble des nouvelles capacités sont prévues pour être intégrées à la trame principale, ce qui en fait un jeu couloir pur se prenant pour un open world.
Seul certains items seront utiles vous donnant de l’expérience ou augmentant votre maximum de force et de vie. L’intérêt d’explorer censé justifier une map open world est vraiment anecdotique.

D’ailleurs parlons de « l’open world ». Vanté comme étant un argument de vente et une progression majeure vis-à-vis du premier jeu, c’est en réalité un vaste blague. Tout d’abord, sachez que 90% du jeu est un couloir et qu’une légère partie de la planète Koboh est agencée en zone ouverte. D’un point de vue topographique, la map est dispatchée en petits couloirs en étoile rejoignant une zone centrale pas plus grande que le château de Voilorage d’Elden Ring. De plus, la monture volante n’est absolument pas un planeur à la Breath of the Wild mais bien un taxi pour passer des gouffres permettant d’aller un point défini et fixe à un autre.

L’un des aspects ou le jeu innove est le nombre de formes de combat au sabre laser (en réalité ce sont plus des types de sabre). Vous ne pourrez sélectionner que deux formes sur cinq interchangeables en combat. Au niveau de l’économie des points de compétence, on vous conseille de vous spécialiser dans vos deux préférés.

Les deux nouvelles postures que sont le sabre + blaster et la claymore sont particulièrement réussies et offrent des bonnes sensations. Pour autant, la posture à deux sabres est de loin la plus puissante et efficace contre les boss grâce au fait qu’elle contre un défaut de gameplay : l’annulation des animations. En effet, il est impossible de cancel une attaque pour esquiver ou parer et cette posture étant la plus rapide, elle permet un semblant de réactivité. De plus, Cal, lui, se fait interrompre pour un rien et cela pourra être très frustrant pour les joueurs les moins performants.

Pour contrer cela, il existe un nouveau système « d’avantages » vous permettant de vous équiper de passifs à coût variable allant de 1 emplacement à 3. C’est fondamentalement anecdotique et pas assez poussé pour permettre d’éventuels builds. Il existe tout de même un avantage augmentant le gain xp qui restera en place toute la campagne si vous souhaitez privilégier vos compétences.

En résumé, des plateformes à n’en plus pouvoir, des compétences efficaces et un open world risible et soporifique. Petite parenthèse également, mais la planète choisie pour le monde ouvert est vraiment un mauvais choix s’il ne fallait en choisir qu’une et par là, je veux dire que Coruscant fait mille fois plus rêver.

Je ne m’étalerai pas, mais il existe des pnj et activités annexes comme la « pêche », le jardinage ou la chasse à la prime qui ont des intérêts variables, mais n’ont globalement pas grand-chose à offrir.

Finissons avec la direction artistique et le design

Star Wars Jedi Survivor - TEST PS5 : Un jeu de plateforme pas à la hauteur de ses héros

De ce point de vue uniquement, c’est une franche réussite pour ce qui est de la mise en scène, des compositions et du sound design. L’action et les animations faciales sont dignes du cinéma et c’est justement parce qu’on ne l’a absolument pas remarqué tout le long du jeu que je peux vous dire qu’on frise l’excellence. Quand il y a des défauts sur les visages, cela se relève immédiatement. Malgré cela, il y a un souci et pas des moindres, c’est que le catalogue de planètes est plus maigre que le premier jeu en plus d’être moins iconique. Sans vous spoiler, vous n’aurez qu’une destination hors Coruscant faisant écho aux films et séries. Pour le reste, ce sont des mondes inconnus, ce qui n’est absolument pas un souci en soi, ce qui l’est, c’est que ce sont des mondes peu inspirés, pour ne pas dire fades. Koboh est une énorme déception d’autant plus que vous cumulerez les allez retour vers ce monde ennuyant.

Nous finirons sur une note mitigée avec l’absence de thème musical marquant hormis celui du générique. Les bruitages musicaux emblématiques sont bien présents, mais pas la musique (À part lors d’une fulgurance de fan service). On retrouve aussi les transitions en volet, c’est un petit clin d’œil qui fait toujours plaisir. 

Conclusion et avis

Digressif
0%

Loin de nous l’idée de valoriser l’impérialisme, mais force est de constater que le joug de l’empire aura produit nombres des plus grands héros de la Galaxie. Cal Kestis est l’un d’entre eux et il sécurise à lui seul une bonne partie des qualités du titre. Cependant, Jedi Survivor est un jeu qui peine à convaincre en tant que suite pertinente. Il se laisse glisser dans la facilité et la redondance du schéma des péripéties (vas là-bas, reviens ici puis repars là-bas). Le scénario se perd et le gameplay retranche le jeu au rang de platformer d’action plus que réellement jeu de Jedi. En bref : sortez TitanFall 3. Malgré ça, il peut se targuer d’une mise en scène impeccable et révélatrice d’un vrai savoir-faire cinématographique.

L’open world et l’exploration sont une réelle déception. On en attendait plus pour un jeu à 80€.

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